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Pendant la première moitié du XIème siècle, les Giffard (descendants d’Osbern, compagnon de Rollon) occupent le fief d’une quinzaine de kilomètres de diamètre autour de Montivilliers, comprenant une trentaine de paroisses dont Manéglise.
Après l’installation des Giffard à Longueville (1055), leur prieuré de Sainte-Foy étend sa juridiction sur vingt-sept paroisses parmi lesquelles on retrouve Manéglise. A partir de cette époque est décidée la construction du chœur et du clocher de l’église actuelle.
Au XIIème siècle, commence la reconstruction d’une nef avec son décor de chapiteaux très particuliers, caractéristiques de la sculpture romane normande.
Au XVIème siècle, s’adjoint une grande chapelle de style gothique au sud du clocher et du sanctuaire. L’édification est attestée par une inscription datée de 1553. En 1988, la toiture de l’église est restaurée dans ses proportions et
éclairages d’origine. Lors de travaux récents, de remarquables fresques murales polychromes du XIème et XIIème siècle d’un grand intérêt pictural ont été découvertes dans le chœur ; d’autres datant du XIVème siècle ont été mises à jour dans la nef. Grâce à une réintégration picturale qui consiste à restaurer les couleurs, dix personnages sur le mur nord et un calendrier médiéval sur le mur sud se révèlent dans leur splendeur originelle sur les 22 arcatures de la nef. En 2006, la création du parvis et l’aménagement d’une promenade paysagère mettent en valeur
l’ensemble du site.
Elles datent du XIVe siècle. En 2010, un travail préparatoire a permis de les mettre à jour et de les consolider. Puis, en mars 2013, le restaurateur a procédé à une simple réintégration picturale archéologique à base de pigments naturels. Cette intervention permet la lecture des scènes depuis la travée centrale. La nef possède vingt-deux arcatures, dix sur chacune des parois nord et sud et deux sur la paroi occidentale. Sur le mur nord et sur le mur ouest, douze prophètes sont représentés. Deux seulement ont pu être identifiés : David et Isaïe. Le fond, derrière les personnages, est décoré d’un semis de fleurettes.
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La qualité de la restauration des peintures du triforium renforce l’intérêt de l’église de Manéglise dans l’histoire de l’art médiéval en Pays de Caux.
Sur le mur sud, se décline un calendrier médiéval. L’écoulement du temps est représenté à travers les travaux de la vie rurale quotidienne qui jalonnent les saisons.
Ce calendrier commence dans la première arcade située près de la tour, avec le mois de janvier symbolisé par le dieu romain Janus. Le cycle se poursuit mois après mois jusqu’au mur ouest sauf pour les mois de novembre et de décembre qu’il est possible d’imaginer au-dessus de la porte principale.
Le calendrier médiéval est une représentation rare en peinture murale. Par sa qualité graphique, celui de Manéglise est exceptionnel et d’un grand intérêt.
Contrairement au schéma classique, le chœur est composé de deux parties : la travée sous clocher et la travée de sanctuaire. Le sanctuaire a lui aussi été victime des transformations apportées à l’état original de l’édifice. Au nord, une grande fenêtre a été percée au milieu du mur goutterot (mur extérieur sous les gouttières ou les chéneaux d’un versant de toit), au sud une immense arcade en arc brisé le met en communication avec la chapelle de la Vierge.
Un détail de peinture murale dans le choeur qui démontre que l’église de Manéglise était entièrement peinte dans cette partie de l’édifice.
À l’extérieur, sur le mur goutterot nord, un bandeau surmontant un tore (moulure ronde) est encore visible après avoir perdu sa partie centrale au moment du percement de la grande fenêtre. Une petite porte ouvrant sur l’extérieur et percée dans ce même mur est depuis longtemps condamnée. La voûte sur croisée d’ogives qui couvre le sanctuaire doit être l’une des plus anciennes de la région, tout en étant postérieure à la construction dont elle fait partie.
D’après : « L’Eglise Saint Germain de Manéglise » / Georges PRIEM
Tous les plafonds étaient initialement décorés mais furent par la suite enduits de noir en signe de deuil lorsqu’un seigneur ayant droit sur la cure, décédait.
Construite en calcaire blanc et accolée au mur sud de l’église, elle a été érigée en 1553. Une pierre gravée encastrée dans le mur en fait foi :
« En l’an de grâce MIL VCCLIII cette chapelle fut faite par JEHAN LE ROUX dit BLANPEIN et JEHAN ESTIENE trésoriers pour lors de l’église de céans ».
La voûte de la chapelle et l’oculus sur une fenêtre du côté sud.
Cette chapelle, élément le plus récent de l’église de Manéglise, symbolise parfaitement la juxtaposition de l’architecture gothique sur un édifice de style roman primitif.
C’est la partie la plus remarquable de l’Eglise. Elle comporte cinq travées de chaque côté, dont les arcades, en plein cintre, reposent sur d’élégantes piles rondes. Les arcades sont à angles vifs, mais leur rouleau externe est mouluré d’un tore et d’une gorge mince. Les chapiteaux, larges et bas, portent pour la plupart des godrons, quelques-uns des entrelacs et d’autres des motifs géométriques. L’art du godron a été poussé ici à sa perfection et offre une grande variété de motifs floraux et animaliers. Il est possible de dater la construction de cet ensemble au début du XIIe siècle.
A l’étage, un faux triforium, ou fausse galerie, ceinture toute la nef. Au-dessus de chaque pilier, de fines demi-colonnes semblent dans l’attente de supporter le départ d’une voûte jamais réalisée et témoigne d’une volonté d’enrichir un lieu de culte à la hauteur de son importance historique.
En 1988, des travaux de rénovation de la charpente et de la toiture ont permis de dégager les fenêtres du faux triforium et de rendre à l’édifice sa luminosité originelle.
Remplacés en 1969 par Bernard Legrand, verrier à Bihorel, ces vitraux, en verre antique, s’inspirent de dessins cisterciens aux motifs géométriques sobres. Dans le bas-côté sud, se trouvent les fonts baptismaux en pierre, de forme octogonale, du XVIe siècle. Cette forme octogonale signifie que par le baptême, on accède au 8ème jour qui est le jour de Dieu, le jour de la Résurrection, de la nouvelle Création. Ces fonts baptismaux sont surmontés d’un Christ en croix, en bois peint, typique de l’art populaire du XVIIIème siècle. Un Christ de Gloire en bois, du XVIIe siècle, avec inscriptions sur bandeau, domine la travée centrale de la nef.
Les autels
Dans la chapelle de la Vierge, la partie inférieure de l’ancien retable du maître-autel a été conservée. Il s’agit essentiellement d’un tabernacle prolongé latéralement par deux ailes de style XVIIe siècle. Les statues d’applique, habilement taillées, représentent : au centre : sur la porte du tabernacle, le Bon Pasteur ; à l’extrême gauche : Sainte Marguerite d’Antioche et la Vierge portant l’Enfant ; sur le côté droit : Saint Joseph ; à l’extrême droite : Sainte Catherine d’Alexandrie.
Dans le sanctuaire, se trouve un important autel en talon du XVIIe siècle surmonté d’un tabernacle contemporain de dimensions modestes. La toile du retable représente l’Adoration des Mages. La sacristie a été ajoutée en 1690 comme l’atteste la date mentionnée à l’extérieur, au dessus de l’oeil de boeuf.
Dans la partie nord de la nef, un autel de confrérie est consacré à Saint Onuphre, représenté par sa statue en bois polychromé du XVIIe siècle. Il était invoqué pour la guérison des douleurs et des infirmités des membres et faisait l’objet d’un pèlerinage à Manéglise, le 12 juin. Les confréries de charité de Saint Onuphre et de Saint Germain, très présentes à Manéglise jusqu’en 1826, se recueillaient devant cet autel.
Le lutrin
Dans le choeur, le lutrin, daté de 1730, en forme d’aigle et fabriqué en chêne, présente un livre de chants en latin (1861) rédigé pour l’Archevêque de Rouen. Il est classé au titre des monuments historiques.
Découvrez l’église en photos :
Un lien vers un article avant restauration de l’édifice sur le site la France médiévale : Article église Manéglise sur la France médiévale
Un lien vers un article de l’office de tourisme de la région havraise, paru dans le guide de l’année 2016 : Article office de tourisme de la région havraise